Éviter les conflits : ni lutte ni fuite
- Deroubaix Marina
- 5 nov.
- 3 min de lecture

On a tous appris que les conflits étaient négatifs, qu’ils n’apportaient rien de constructif et qu’il valait mieux les éviter au maximum. Il est vrai qu’éviter les conflits semble plus sage que d’y plonger la tête baissée : si quelqu’un nous agresse ouvertement et directement, la meilleure des réactions est souvent de tourner les talons. Mais à force de craindre les réactions émotionnelles fortes, on ne sait plus vraiment distinguer les agressions de la simple expression d’un besoin qui est différent du nôtre, et on n’ose plus affirmer nos propres besoins sans craindre d’être jugé(e) comme étant agressif(ve)s à notre tour.
A force d’arrondir les angles et d’éviter à tout prix le désaccord, on finit parfois par s’effacer, par ne plus oser s’affirmer. On dit oui systématiquement, on ne proteste pas si nos limites sont dépassées, on tait ce que l’on pense réellement. Pourtant, dire non, poser une limite ou exprimer un désaccord n’a rien d’agressif : c’est simplement affirmer que notre vérité existe, elle aussi.
Le malentendu vient du côté valise du mot conflit, et de la croyance qu’il est une faute. Mais le conflit n’est pas un échec, il est l’expression de deux vérités différentes qui cherchent à coexister sans y parvenir. Et le problème ne vient pas du désaccord en lui-même, mais de la façon dont on le vit. Souvent, on cherche simplement à éviter les tensions, par peur d’être vu(e) comme difficile, par peur de blesser quelqu’un ou d’abîmer la relation, ou parce qu’on nous a toujours inculqué qu’il ne fallait pas faire de vague.
Alors on tait ce qu’on pense vraiment, on se dit que « ça ne vaut pas le coup », qu’on évite ainsi un conflit qui n’aurait rien apporté de positif et qui aurait menacé la relation. Et parfois, quand le temps passe, on oublie et on continue sa vie tranquillement, on se rend compte que ce n’était pas si important.
Mais d’autres fois, le temps passe et le conflit évité est toujours là, à mener une guerre intérieure en nous : celle qui fait rage quand on se sent invisible, pas entendu, piétiné, et qui peut même nous pousser à en vouloir à l’autre. On finit par ne plus savoir si le lien reste parce qu’on va toujours dans son sens ou s’il ou elle nous apprécie pour qui nous sommes réellement.
On peut regretter de ne pas avoir réagi sur le moment. Faut-il le faire pour autant ? Réagir à chaud est rarement constructif : c’est laisser le corps et la tension émotionnelle s’exprimer à notre place. On réagit avec colère, peur ou frustration. Ces émotions sont légitimes, mais elles ne favorisent pas une communication apaisée, donc la cohabitation des deux vérités.
Il vaut mieux donc laisser passer la vague émotionnelle pour découvrir ce qui se cache en dessous : un besoin d’être reconnu(e), respecté(e), compris(e). En laissant passer la vague, on se donne le temps pour pouvoir s’exprimer calmement au lieu de se défendre ou d’attaquer – et on donne également à l’autre la possibilité de nous montrer que le lien est fort et bien authentique, qu’il ne se délitera pas au premier conflit survenu.
Le but d’un échange n’est pas d’avoir raison à tout prix mais de favoriser la compréhension mutuelle. Éviter les conflits à tout prix, c’est rogner sa propre liberté ; mais imposer son point de vue à l’autre, c’est rogner la sienne. Entre les deux se trouve un espace plus juste, celui où deux vérités peuvent cohabiter, où l’on peut dire “je comprends ton point de vue” sans renier le sien, et où l’on peut préserver le lien sans s’abandonner soi-même.
En résumé, si vous évitez un conflit, assurez vous que ce n’est pas au détriment de vos besoins, de vos limites et de vos envies. Si vous décidez de vous y plonger, donnez-vous le temps de trouver l’entre-deux, de chercher la cohabitation plutôt que la soumission ou la domination. Et si le lien se brise malgré cela, c’est qu’il n’était pas bien solide de toute manière.
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